Théâtre du grec « theatron », lieu d’où l’on voit.

« Depuis des années je me consacre avec assiduité aux peuples et aux sites de la Méditerranée. Au cours de mes voyages, j’ai photographié plus de 400 théâtres grecs et romains ou leurs vestiges Les photographies couvrent une période qui va des théâtres minoens soit 2000 av.J.C jusqu’au derniers théâtres romains des 1er et 2ème siècles après J.C. Presque toutes les images sont prises du haut des gradins ou des restes de la cavéa . Tel un spectateur je me suis promené de spectacles en spectacles. Je pouvais voir dans certains lieux en arrière plan le décor naturel que contemplait il y a 2000 où 4000 ans un crétois ,un grec ou un romain, dans d’autres le décor d’une ville moderne, où me retrouver comme à Herculanum dans des galeries, le théâtre étant encore sous les cendres du Vésuve. »

Claude PHILIP

Théâtres

Il est des œuvres, dans l ‘histoire de l’art et du temps, dont l’intelligence est d’avoir su que seul le temps peut amener un ensemble dont la rigueur transcendera tout.
En photographie, un art que l’on pourrait croire, à tort, rapide, savoir construire un ensemble est plus important qu’aller vite.
Les années amènent le matériel qui petit à petit construit un grand thème jusqu’à son but final.
Quoi de plus inouï que de travailler sur ce que les hommes ont si lentement construit ?
Nous avons eu les photographies des deux siècles sur l’Egypte, sur l’Ouest Américain, sur les grandes villes d’Europe.
Mais pour un méditerranéen, ou une méditerranéenne, ou peut- on trouver la traversée de l’histoire de nos pays du sud symboliquement ?
Claude Philip, photographe basé à Orange, a compris qu’il n ‘y avait pas de Théâtre et d’Amphithéâtre de la civilisation Romaine que là chez lui à sa porte.
Et voilà le désir fou, de vouloir tous les connaître !
Et de tous, aussi, les photographier !
Une œuvre gigantesque, une aventure sans fin , car enfin , il y en aura toujours un autre ailleurs , et puis  il faudra tout savoir sur l ‘histoire des conquêtes romaines :
Claude Philip n’ a pas peur  de cela :  au contraire , le challenge que cela représente le motive encore plus ;  il est déterminé , et le voilà parti sur toutes les routes du monde avec sa femme Raymonde , par les pistes les plus esquintées , les coins les plus reculés , les langues les plus différentes , les cultures les plus épicées  : les voilà avec soit un camion , une automobile ,  un bus etc. , de par les routes du Sud et de l’Orient, comme autrefois l’avait fait Alexandre le Grand ! Je n’exagère pas.
Je connais bien Claude Philip, depuis des années : ce souffle épique formidable de son œuvre est ce qui a guidé sa vie.
Car il s ‘agit là d’une œuvre majeure, tant culturellement, avec l’ambition démesurée de croire qu’on peut voir tous les théâtres, que photographiquement avec la volonté inouïe d’aller photographier au gré des saisons tous ces vestiges qui parlent si fort d’une époque pas si loin de nous, mais si chargée en Histoire avec un grand H.
Les années passent, et cette mission que s’est auto-destinée  Claude Philip ne s’arrête jamais : il y a toujours un autre théâtre à découvrir au bout d’une piste , aux abords d’un village loin là-bas  …. C’est son destin, le sens de sa vie.
Sa mission de nous faire ainsi partager tous ces trésors du Temps, ne s’arrête jamais : Claude Philip a ainsi vaincu le temps.
Depuis la France jusqu’à la Jordanie , en passant par l’Egypte , l’Espagne ,la Croatie, l’Albanie, l’Algérie, la Grèce, la Turquie, la Syrie, le Maroc, l’Italie, la Tunisie, la Libye, l’Espagne, et la Palestine, son voyage l’a mené sur tous les décors de ces lieux historiques, et ainsi nous y voici aussi avec lui, grâce à lui.
Retapés, esquintés, en ruines, ou au contraire admirablement préservés, voici ces pierres mises par l ‘homme avec goût pour que les publics puissent voir et écouter toutes les épopées de ce monde Latin, Méditerranéen et Oriental.
L’œuvre de Claude Philip est une œuvre gigantesque et admirable, loin loin des modes, en plein dans ce que la culture a de plus vivant, et généreusement offerte à nos regards et à notre curiosité.
Il est un grand passeur de l’Histoire de la Culture et de l’Humanité.
Et comme tous les grands hommes, excusez-moi d’être si sincère car je ne peux que l’admirer, sa modestie est la clé même de l’ampleur de son œuvre et de son talent.
Au risque de paraître « pompier », comme on peut dire vulgairement, je voudrais juste témoigner par ma sincérité de l’admiration que j’éprouve pour ce travail immense , qui contribue d’une manière formidable au Patrimoine Visuel de l’Humanité.
Le Monde est en vie grâce à de telles œuvres construites avec une telle  passion , une telle  générosité. Ce témoignage est l’âme du temps.

Bernard PLOSSU (2010) 

Les scènes de l’Antiquité

 » C’est une oeuvre singulière que le travail de Claude Philip. Singulière et fascinante. Photographier tous les théâtres antiques du pourtour méditerranéen: on est émerveillé par la force, l’évidence de l’idée, mais surtout par la justesse de l’entreprise! Etrange même qu’aucun archéologue, aucun photographe n’y ait pensé plus tôt. Il est vrai qu’il faut, pour sa réalisation, une sacrée dose de persévérance, d’obstination même, et pas mal de sueur aussi. Certes il y a les grands théâtres célèbres ceux où aujourd’hui encore se donnent les spectacles, comme à Taormine, Epiraure, où Orange. Mais les images les plus émouvantes, celles qui justifient le mieux ce travail photographique, ce sont les autres. Ces formes usées, envahies par la végétation, mais où se devine Le lieu sacré. Le mot est lâché, il faut l’assumer. Ces lieux cultes étaient à l’origine des lieux de culte . Ils s’intègrent si remarquablement dans la nature environnante, ce n’est pas un hasard. Un lieu devient sacré lorsqu’il s’y produit une révélation. Alors il est pendant un moment le centre du monde, dépositaire d’un ensemble de lois et de règles qui structurent et justifient rien moins que la condition humaine. Là progressivement prennent corps la codification de l’espace et du temps, la représentation, le théâtre, la tragédie, Eschyle, Sophocle, Euripide, et partant tout un pan de la littérature et de la pensée. Là se fonde le mythe de l’homme. Nulle part mieux qu’en Méditerranée, on a su choisir pour les théâtres les emplacements où, au-delà du proskénion, le regard file dans la profondeur d’un paysage qui est à lui seul tout un programme, puisque c’est lui, par sa morphologie, ses accidents, son éclat et ses parfums qui a modelé l’homme méditerranéen. « 

Guy MANDERY

NB : Les photographies non datées ont été prises entre 1990 et 2008.